Le Mercredi six mai deux mille neuf, français, il est huit heures sept (d'après mon portable).

Hier soir, j'ai connecté mon PC au réseau Wifi de la Live-box. Ça marche, mais j'ai pas pensé à regarder le débit (en tout cas, c'est plus rapide que du quarante deux kbits par seconde ^^), j'ai joué sur goKGS, une première partie pédagogique : un fuseki (début de partie) commenté par un modérateur (rejoint par un deuxième modo, ils débattaient entre eux, très instructif) et une partie amicale en dix neuf fois dix neuf, j'avais blanc, noir avait trois pierres de handicap ( trois pierres posée en début de partie, ça laisse une certaine avance), j'ai gagné de à peu près trente cinq points. J'ai bien aimé cette partie, elle m'a permit de mettre en application les techniques que j'avais vu juste avant. Pour le moment, je suis évaluée à [19k?], ce n'est pas très fiable, et en plus je n'ai pas encore joué de partie comptabilisée (qui me permettront de ne plus avoir de point d'interrogation et d'augmenter ou de réduire mon niveau en fonction des parties gagnées ou perdues).

Huit heures vingt deux, on lit les photocopies que le prof nous a faites, on est vraiment en retard.

Il fait beau, il fait tiède dans la salle, dehors il fait frais, il y a quelques fins nuages blancs dans le ciel. La colline ressemble à un gigantesque morceau de brocoli, toute verte, avec les arbres qui ont retrouvé leurs feuilles.

Dans le pin, il y a deux pies qui construisent un nid, c'est beau, elles prennent des branchettes et des brindilles et les posent délicatement. La pie monte doucement, en sautant de branche en branche pour atteindre le sommet de l'arbre.

Huit heures trente. Vincent commence à neuf heures. Il était content d'avoir “une heure de libre” comme il disait (sous-entendu sans moi).

Il y a une tourterelle posée dans le pin, les pies essayent de la chasser en lui faisant peur, mais elle ne se laisse pas impressionner.

Neuf heures zéro cinq, maths. J'ai enlevé ma sacoche et je l'ai pendue sur ma chaise, Guillaume me la fait glisser de l'épaule, et pour dessiner, c'est pas pratique.

Dix heures onze, physique, tout le monde s'installe, bran le bas de combat.

J'ai passé l'heure de maths sur un dessin, et j'ai super bien réussi le test de la fin, j'aurais une très bonne note, c'est sûr.

J'ai pas vu Vincent à la récrée, ni personne de sa classe, ils ont pas dû sortir de cours. Après, j'ai une heure d'étude, je finirai le DM de maths, que je rendrai au prof cet après-midi.

Rémi est retourné s'assoir à coté de Dan. Ça fait un grand vide.

Clément est absent depuis ce matin, je sais pas pourquoi.

J'ai reçu un bout de gomme dans les cheveux, je me tourne vers l'autre rangée, je regarde Dan et Rémi, Rémi m'envoie parfois des boulettes. Dan me fait signe que ça vient pas de lui et pointe du doigt Guillaume et Benjamin, juste devant lui. Ça part en engueulade “Oh l'autre, c'est une balance !”, c'est pour rire, Guillaume aime bien caricaturer les racailles.

Je suis balance, je sais pas quel ascendant, deuxième décan.

Benjamin s'excuse, et François P et Guillaume me font des fucks. Quel débiles mentaux... ^^

je vais dessiner.

J'aimerai pouvoir écouter ma musique, mais en cours, faut pas exagérer.

J'ai une douleur dans le dos, comme un couteau, quand je fais un mouvement particulier, et le plexus solaire qui fait mal comme un bleu. C'est Vincent, hier, je voulais voir ce que ça ferait s'il me serrait très fort. Sur le coup, ça fait rien. En plus, il a pas voulu forcer, il avait peur de me faire mal. J'ai la colonne bloquée. Quand j'inspire profondément, c'est une pointe d'acier entre deux côtes, à gauche, juste sous l'omoplate, qui s'enfonce dans ma chair. C'est pas grave. Ça passera. Dix heures vingt cinq.

Dix heures trente quatre, on a fini la correction des exos, on reprend le chapitre dix de chimie.

La chaîne carbonée est détruite.

Détruire. Ce mot en lui-même est déjà violent. Dé, encore ça passe, Dé, c'est doux, moelleux, rond, on l'a dans la bouche qu'on a envie de de mâcher ce son, d'en faire une boule compacte. Truire, c'est dur, froid. Tr, ça fait mitraillette, des consonnes qu'on crache, qu'on jette au visage de l'interlocuteur (accompagné de quelques postillons pour la route ^^), tr ça frotte et ça fait mal. Ui, c'est pas heureux comme couple de voyelle, ça fait truie, on tord la bouche, espèce de rictus sordide, ui c'est aussi oui en moins beau, en moins lisse. Re, on dirait un chien qui grogne, re c'est un mot de rejet, pire, martyre, souffrir, c'est rageant, ça rime à rien, re regrette, rien, râler... Détruire, c'est un mot qui ressemble vraiment à ce qu'il décrit. J'aime pas le mot détruire, parce que s'il existe, ça veut dire que dans le monde, des gens en ont besoin pour s'exprimer, ça veut dire que des gens veulent encore détruire et massacrer, et effondrer, ne plus être. Je hais ce mot.

Dix heures quarante cinq, encore un quart d'heure.

Ça vient de sonner, tout le monde range ses affaires.

Quinze heures quatorze , maths (demi-groupe, c'est un module), on fait des exos sur les probas, c'est trop simple...

J'ai recopié au propre mon DM les deux heures précédentes, en vérifiant avec celui de Nicolas, on les a rendu au début de l'heure.

J'ai fini l'exo treize. J'adore les probabilités.

A midi, Vincent voulait aller à Intersport, regarder ce qu'ils avaient, on y a fait un tour, et ensuite on est allés à Monoprix, j'ai un paquet de gaufres au chocolat. Vincent a remarqué que je mange vite. Je mange beaucoup trop vite, je peux finir un repas en un quart d'heure. Complet, le repas, c'est à dire une salade, un plat chaud, un ou deux morceaux de fromage et un dessert. Sans m'en rendre compte. Dès que je ne parle pas, je mange. Vincent qui essayé de se forcer à manger sa gaufre en même temps que moi, il n'y est pas arrivé. C'est machinal.

Grâce à Nicolas, j'ai réussi à me rappeler un de mes rêves de cette nuit. Je rêvais que je perdais mes dents (enfin, qu'elles bougeaient et se délogeaient de ma mâchoire). C'était ignoble. Je fais souvent ce rêve, je dois être stressée par mes dents... Mon ostéopathe me dit régulièrement que j'ai la mâchoire bloquée, surtout au niveau de la canine supérieure droite. Je suis née au forceps, il paraît que j'avais une blessure, un gros bleu. Ça date, mais il n'y a pas d'autre explication...

quinze heures quarante cinq, d'habitude, de quatre heures à cinq heures, on a aide de maths (c'est seulement pour ceux qui veulent rester, pour poser des questions ou faire des exercices spécifiques avec le prof) mais comme on est en retard sur le programme et que le prof veut en plus rattraper les heures qu'on a perdues avec les vendredis fériés, il prend l'heure comme une heure de module.

Dommage, j'aurais bien aimé rester avec Vincent pendant une heure. Il a étude à ce moment là.

Ça sonne, on va faire une tite pause, et après on reprend.

Seize heures zéro cinq minutes.

Par la fenêtre, j'ai vu Vincent dans la cour.

Imaginez une fille pas très grande, le front appuyé sur une vitre, les deux mains posée sur le verre au niveau des épaules, paumes grandes ouvertes. Je me sens enfermée, je déteste les murs, ma maison n'aura presque pas de murs mais de grande fenêtres qui pourront s'ouvrir entièrement pour laisser entrer l'air et les oiseaux, des préaux, des alcôves et des arcades, ouverte sur le monde, comme je voudrais l'être.

Les fenêtres du bâtiment I ont été rénovées l'année dernière, maintenant c'est du double vitrage insonorisé antisuicide. Il n'y a pas de poignées, juste un morceau de plastique (avec lequel les élèves s'amusent) qui cache l'axe d'ouverture. J'aimerais pourvoir ouvrir ces fenêtres, pour me pencher dehors et sentir les courants d'air chauds balayer mes cheveux et mon visage. Je ne peux pas. C'est pas grave.

Je fais un peu chier Nicolas, je le pique avec mon porte-mine, pas fort, juste pour l'embêter. Faut bien : il est en train de s'endormir.

Seize heures dix sept.

Sieste maintenant.

Nicolas se venge, il fait comme moi, mais avec un crayon de papier.

Seize heures trente deux. Faut faire un exo... Je dormirais bien encore un peu...

06.05.09