Le mardi trente et un mars deux mille neuf.
Il est huit heures zéro deux, je suis en étude.
Ma mère veut pas nous emmener à neuf heures, et mon seul bus passe à sept heures trente.
Je me suis levée à six heures trente cinq, j’ai pris ma douche (et je suis allée la poser dans ma chambre, ah ah), je me suis habillée, maquillée, j’ai fait mon sac et je suis descendue prendre mon déjeuner. Il était sept heures huit. C’est Nathalie, la voisine, qui nous a emmenés à l’arrêt de car ce matin. Elle est arrivée avant que j’ai eu le temps de me laver les dents. Tant pis.
Il est huit heures trente et une. Il y a du monde en étude, mais ça reste calme. Je suis avec une partie de la classe. Certains révisent, on a DS en anglais, tout à l’heure.
On commente, Ghislain et moi, le DM de Camille. C’est comique.
Quelqu’un à une table à coté écoute L’aventurier d’Indochine. Damien lance les stylos de François.
Il est huit heures quarante. Ça va sonner dans un quart d’heure.

On est en français. J’ai pas fait mon DM, je le rendrai plus tard.
On s’est tapé un trip avec Camille sur le film Rrrrr. Dans les couloirs, les gens devaient nous prendre pour des dingues.
On commente le texte De l’esprit des lois, de Montesquieu. Pourquoi les profs insistent-ils sur des choses que l’on comprend dès la première explication ? Et pourquoi les commentaires changent-ils d’un prof à l’autre ? Je préférais le prof remplaçant de l’année dernière, il faisait faire des choses intéressantes, on avançait plus vite. Le prof répète trois fois la même chose, avec une formulation différente. Pénible.
En entrant, j’avais dessiné un smiley sur le tableau, il sourit. Lui au moins est heureux.
Ce matin, Vincent s’est pas réveillé (il est interne) et j’ai pas pu le voir. Coup de pot, je l’ai croisé dans l’escalier. Mais juste croisé. C’est trop court.
Il fait beau, la lumière est jaune. Il n’y a toujours pas de vent. Il y a des cordons blancs et rouges dans le parc, une branche d’arbre doit être prête à tomber. Les nuages forment une espèce de brume blanche et laiteuse, et le ciel derrière est bleu.
Dans la salle d’à coté, ils font le bordel. C’est philo, ils ont apparemment une nouvelle prof.
Pourquoi faut-il que les littéraires analysent les textes ? Si on comprend, ça sert à rien. De toute façon, il n’y a que l’auteur lui-même qui puisse comprendre le sens complet, et lui seul peut vraiment l’expliquer.
Récré dans vingt-sept minutes. Békir est un huitième Grec, juste la moitié d’un bras ajoute Adrien. Guillaume a mis un joli T-shirt noir avec la tête à Mr Jack dessus.
J’espère qu’un jour le prof comprendra que son cours est trop long et trop lent.
Cette aprèm’, j’ai travaux pratiques de physique. J’ai pas envie, c’est encore plus chiant que les cours. Heureusement que Florian est mon binôme, il raconte toujours n’importe quoi pour me faire marrer.
Il y a une colonne qui passe devant moi, je sais pas pourquoi. Dessus, l’enduit se barre en plaques, des malins ont écrit prout, EURE, TG, Sof Sof, ils ont fait des trous aussi. Les tables sont propres, mais l’éponge n’efface pas les tags gravés au compas.
Un lien de cause est clairement exprimé par le mot de liaison “parce que”. C’est vraiment étonnant, je ne l’aurais jamais remarqué toute seule. Honte à celui qui ne remarque pas l’ironie de Montesquieu dans son texte. A cause de lui, les prof de français se sentent obligés d’expliquer les choses évidentes. Encore dix minutes de cours.
Dehors, il y a un mec en combinaison verte qui creuse un trou dans la pelouse, à coté des terrains de basket. Une voiture passe. Un deuxième mec, en vert aussi, va voir le premier. Ils sont à genoux dans l’herbe, je me demande ce qu’ils font. Vu leur démarche, ce sont surement des gens du lycée pro. Le deuxième mec est parti, le premier balance des mottes de terre par-dessus le mur. Il se remet à creuser. Il relance de la terre, mais il rate son coup, elle atterri sur le mur.
Nicolas me dit qu’il ne reste que quatre minutes.
Adrien et Emile ont eux aussi vu le mec dehors. Il tape des pieds pour enlever la terre collée sous ses chaussures. C’était le petit interlude. Nicolas affirme qu’ils cherchent un trésor. Celui de Galilée. C’est un globe terrestre.

Onze heures quatorze minutes. Le prof de maths est arrivé en retard, il était en train de surveiller un examen blanc.
On a eu interro en anglais, le present perfect et un texte sur les OGM. Je peux avoir réussi comme je peux avoir tout foiré. Les terminales S avaient anglais juste à coté, ils ont fait un goûter, comme en primaire. Pour nous foutre la mort, ils nous ont proposé de la réglisse, à la sortie du cours.
Le silence règne, il n’y a que quelques chuchotements et le bruit des stylos, c’est reposant. Notre prof de Maths est vraiment trop sympa. Il explique tout, mais seulement si on lui réclame un approfondissement, ou après avoir demandé si tout le monde a compris. On polémique autours des programmes, pour comprendre. Tout le monde ne réfléchit pas de la même manière, et du coup, on écrit pas de la même façon nos programmes. En plus, ça change d’un modèle de calculette à un autre.
De l’autre coté du Rhône, il y a une vieille ferme, ou plutôt une métairie, vu qu’il y a des vignes autour. Elle est jolie, cette bâtisse en pierre. J’aime bien.
Adrien nous écrit le programme pour les casios. Camille range ses feuilles, elle les aligne parfaitement et pose sa pochette par terre.
C’est bon, ça va pour tout le monde ? Ça, c’est le prof de maths. On a fini de corriger un exercice. Il a un gilet brun et une chemise blanche avec des rayures très claires bleues-grises, et de grosses lunettes. Il porte un pantalon gris et des chaussures noires en cuir ciré. Il se dégarni à l’arrière du crâne, mais il a encore les cheveux noirs (je pense que c’est naturel, je l’imagine mal se teinter les cheveux).
Nouveau chapitre : limites de suites. Erk. Je n’aime pas les limites, je préfère les probabilités. Il est onze heures quarante sept.
J’ai fini l’exo 1. Ça vient de sonner.

Salle de TP de physique. Il est quatorze heures neuf. Finalement, on est tellement en retard sur le programme que le prof fait avancer le cours. Pour les explications, il est encore plus lourd que le prof de français. Et on a deux heures d’affilée, sans pause… Et la fenêtre est dans mon dos… Ça va être long. Très long. Trop long.
A midi on a fait un tour à Intersport, avec Vincent. Un jean à soixante cinq euros quatre vingt, c’est trop cher. Lui voudra revenir quand il aura des sous, il veut s’acheter une veste. Si je peux, je lui en offrirai une, un jour. Après être sorti du magasin, on s’est dirigé vers Monoprix, on a croisé un pote à lui. Ils ont fait du skate pendant une demie heure, je les ai regardé faire. Vincent a essayé de me faire tenir sur sa planche. Ben c’est pas gagné. Finalement, son pote avait cours à treize heures, il y est allé. On s’est récupéré une bouteille de Fanta sans bulles, pour essayer, et deux tablettes de chocolat (je me suis écœurée d’ailleurs)
Ça sonne, encore une heure.
On est allé se poser sur la place à coté de l’église et de la maison de retraite. On y est resté jusqu’à ce qu’on risque d’arriver en retard en cours. J’ai dit à Vincent que je finissais à six heures, lui aussi, mais il a ajouté qu’il ne viendrait peut-être pas à l’arrêt de bus, il est crevé en ce moment.
Adrien se fait une moustache avec son atéba. Florian l’imite, avec un crayon de papier. Le prof en a marre de parler pour trois personnes.
Des gens passent dans le couloirs, leurs voix passent au travers de la porte. Je me pose sur la table et Florian m’embête. Il me charrie aussi sur ce que j’écris. Il veut que j’écrive “qu’il est chiant, Florian”, il trouve ça cool, il a fait une rime. Il essaie de me mettre du blanco dans les cheveux. Il est “l’étoile noire de l’obscur”, il part en trip tout seul.

Il est presque vingt deux heures, j’ai fini de recopier mon brouillon.
Tout à l’heure, à la récré de l’après-midi, Guillaume est venu parler avec nous, j’étais contre Vincent et je tenais sa main. Il a dit “comme vous êtes mignons” avec son air d’enfant innocent. J’adore la capacité qu’il a à changer d’expression en moins de quelques secondes : il peut passer du souriant et charmant au killer en passant par le psychotique paranoïaque et le dépressif comme moi je change d’idée d’un paragraphe à l’autre.
On a fait deux TP en méca. C’était chiant.
Vincent n’est pas venu me dire au revoir à mon arrêt.
Là, j’écoute de la musique (Craig Armstrong, Choral ending), je vais jouer un peu au démineur, et puis j’irai dormir.

31.03.09