Le lundi vingt avril deux mille neuf. C’est la rentrée des vacances de Pâques, les parisiens ont deux semaines depuis samedi… Pourquoi les programmes télé s’adaptent-ils à leurs vacances à eux ? Ce n’est pas juste.

Il est huit heures zéro cinq, on est en module d’anglais, en demi-groupe. Dur, le réveil.

Il faut que j’écrive maintenant, l’heure d’après, j’ai physiques, je veux pas m’engueuler avec le prof.

Il fait pas beau, la météo a dit qu’il allait pleuvoir.

Ce matin, quand je suis arrivée, il y avait déjà beaucoup de monde, je n’avais pas vu Vincent, mais il m’a dit qu’il était là. Il a amené son waveboard, une sorte de skate avec seulement deux roues. Vu de dessus, on dirait une paire de rames dont on aurait enlevé le manche et que l’on aurait collées ensembles. C’est marrant. Il veut me faire essayer, mais bon, j’ai déjà beaucoup de mal à rester sur un skate normal…

J’ai vu M V* pendant les vacances, il ne peut pas me proposer de job, il a deux apprentis. Dommage.

Je ne suis pas allée voir chez Sassoulas. J’ai rien fait, comme d’habitude.

J’ai juste dessiné un peu, lut aussi, j’ai fait du vélo, je me suis empiffrée de chocolat, j’ai joué au démineur, j’ai travaillé un peu sur Blender, j’ai écouté beaucoup de musique, j’ai smeussé, j’ai conduit, on est allé au hammam, ma mère et moi, j’ai mis ma chambre en bordel, j’ai rangé ma chambre, j’ai regardé la télé, j’ai joué du piano (pas debout, non), je suis allée sur internet, un peu. J’ai rien fait de productif en deux semaines.

Je dois faire pour demain un Devoir Maison de maths et un de français (que j’aurais du rendre avant les vacances, d’ailleurs).

Je déteste les OGM. Ces saloperies ne sont développées que pour être résistantes aux pesticides, et non pas directement aux insectes qui pourraient les abimer ou les tuer, non, ce serait dommage de ne plus utiliser de produits toxiques qui pourrissent le sol, tuent tous les insectes sans distinction et qui sont même dangereux à la consommation. Ça m’énerve qu’on les laisse faire simplement parce qu’il y a beaucoup d’argent en jeu, c’est ignoble. On parle de ça en cours, on regarde des extraits du documentaire Le monde vu par Monsanto. Ça fait peur.

Zacharie a repris contact avec moi, le week-end dernier. Zacharie, c’est… un mec, grand, avec des cheveux noirs et des lunettes. Il est très beau (enfin, moi je trouve). La première fois qu’il m’a parlé, j’étais toute seule en étude, en train de dessiner. Comme lui aussi dessine, il est venu regarder, poser des questions. C’est parti comme ça. Après, j’ai fait la connaissance de quelques personnes qui jouent au go (ça vient de Chine, c’est un jeu de logique qui ressemble un peu aux dames) et je suis allée jouer avec eux, le jeudi entre midi et deux. Il est venu quelques fois, on jouait ensemble. Et puis, il y a eut ce jeudi de grève. On était pas beaucoup en EPS, et comme les classes sont mélangées, j’avais cours avec lui. La prof avait ouvert la salle de muscu et la salle de fitness, pendant que certains jouaient au foot. Il m’a demandé si je pouvais le masser. C’est pas grand-chose, un massage sur les épaules… A partir de ce jour, à chaque fois qu’il me retrouvait en étude, il me proposait un massage, ou je lui en proposais un, c’était selon. On s’est envoyé pas mal de sms. Et puis, ça a dégénéré. Il ne m’a jamais dit qu’il m’aimait. Et moi, j’étais amoureuse, quelque chose de bien. L’ennui, c’est que je suis vachement coincée, et en plus, je savais qu’il avait déjà une copine. Ça a duré à peine une semaine, et il m’a dit (plutôt, il m’a envoyé un sms) “tu sai je taime bcp mai je ne pe sortir avec toi si tu leve je résterè auprè de twa je taideré ms jenepete doné la relation ke tu souhaiterai avoir jene reni ri1 dece ke je taidi mai ji ai vraimen réfléchi é jenepepa jèspèr ketume pardon di mwa tt ceketu pens” Je m’en suis voulue de m’être laissée manipulée comme ça, je l’ai détesté, mais comme je suis conne et que j’étais encore amoureuse, (et oui, on arrête pas comme ça d’aimer quelqu’un), j’ai pardonné. Et je suis retombée dedans. Situation horrible : juste par sms. Je me sens vraiment stupide d’avoir fait une telle connerie. Ça sonne. Je finirai ma belle histoire plus tard.

Neuf heures zéro neuf, physiques, correction d’exos. Je devrai réussir à pas me faire chopper si je fais attention.

Donc je m’en veux d’avoir été si conne. Mais bon, je peux pas revenir en arrière, et je préfère faire les conneries maintenant qu’elles ont pas de conséquences trop graves.

Je viens d’apprendre qu’on a interro cette après-midi.

Et donc, juste par sms. Je m’en suis voulu… J’ai appris qu’ils avaient cassés, je lui ai demandé de sortir avec moi. Très cordialement, il m’a dit qu’il ne pouvait pas “par rapor a ta kestion je ne pe accépté malgré ke sa me flat :)”. C’est pas grave. Il a changé de lycée, il est parti en ST2S. J’ai attendu que mes ressentiments se tassent. Son refus avait été le coup de grâce. Il m’a achevée.

Maintenant, j’ai du mal à ne pas le haïr. Mais je ne veux pas cultiver de sentiments de rancune envers lui. Il y a déjà bien assez de gens que je n’aime pas.

Il ne faut pas non plus que je prenne tout sur moi, en me disant que j’ai tout gâché, que j’ai réduit à néant une relation qui aurait put m’enrichir. Faut pas culpabiliser, c’est comme ça, j’y peux rien.

Heureusement qu’il y a eut Vincent, pas longtemps après. Je me suis posée. Ça fait du bien de se sentir tranquille avec quelqu’un.

Lui doit pas en dire autant, je lui pourris la vie. Comme je lui fais énormément confiance, il y a beaucoup de choses que je lui dis que je n’aurais dit à personne d’autre. Pas des secrets, ni des trucs persos, mais des remarques, des textes, des points de vue que je n’exprime pas en temps normal. Il y a très peu de gens avec qui je discute comme je fais avec lui, et il est le seul à vraiment subir mon mauvais coté, le paranoïaque. En quelque sorte, je me défoule sur lui, c’est mesquin, il faut que j’arrête, il ne m’a rien fait.

Je ne l’ai pas vu pendant les vacances, j’aurais bien aimé pourtant. C’est pas grave. Jusqu’à la fin du mois, j’ai illimité vers son numéro, j’ai put parler avec lui et lui envoyer des sms, c’est pas si mal…

Neuf heures trente huit. On a même pas corrigé trois exos, le prof est trop lent. C’est pas grave.

J’ai souvent été malade, cette année. Ça m’arrive rarement d’être malade aussi fréquemment. C’est pas grave.

Mickaël me fait moins la gueule. C’est cool.

Neuf heures quarante quatre. J’ai vu Céline, pendant les vacances, j’étais contente. C’est ma meilleure amie (de toutes façons, c’est ma seule amie), c’est la seule qui est restée avec moi au collège. Je sais pas ce que je serais devenue, sans elle. Elle a des soucis familiaux en ce moment, pas de chance. Elle est en bac pro, elle veut faire tapissière décoratrice (rénover des fauteuils, par exemple).

Zacharie m’a envoyé des sms, il voulait me voir, il m’a dit qu’il avait été un peu jaloux de Vincent quand il avait appris, que “sur le cou sa ma fai kelkechos”, il croyait que ça me faisait plaisir. Je lui ai dit que non. Je n’aime pas faire souffrir les gens, même s’ils m’ont fait du mal. Je m’en fous de lui, désormais. C’est une connaissance, peut-être même un copain, sans plus. C’est quelqu’un que je connais et qui m’a rendue trop triste. Tant pis pour lui, il n’avait qu’à saisir sa chance. Il ne profitera plus de moi comme il l’a eut fait.

J’espère que Vincent n’est pas jaloux. Je pense que si, mais il me fait confiance, aussi.

J’ai de la chance de l’avoir.

Onze heures dix minutes, on est en espagnol, le prof nous fait un speech pour nous expliquer l’interro de deux heures de ce jeudi.

On est allé à Monoprix, avec Vincent, Lucas et Florent. Ils voulaient acheter de la monsters. C’est une boisson énergétique. Je trouve ça dégueulasse, mais eux, ils adorent.

Moi, j’adore regarder Vincent faire du waveboard, il se débrouille bien. C’est beaucoup plus “souple”, plus “maniable” qu’un skate (même si c’est beaucoup moins joli qu’une belle planche à roulettes).

Je suis contente de retrouver Nicolas. Il continue à m’encourager à écrire. Je pense qu’il cherche à voir mes limites.

On perd du temps en polémiquant avec le prof : il est déjà onze heures dix-huit.

Vincent craint toujours autant mes mains froides sur son ventre. Il ne supporte pas. Pourtant, il n’a pas peur de se faire mal, il est toujours plein d’écorchures, de bleus et de bosses, mais mes mains… Il a une espèce de réaction épidermique, j’aime bien la tête qu’il fait à ces moments-là…

D’après le prof, les vacances, c’est fait pour travailler. On est pas très convaincu.

J’ai dessiné une grenouille sur de la mousse sur un caillou sur la table. Elle est dans une petite mare, avec un nénuphar et quelques joncs. Dessous, l y a gravé LAETITIA LA Pute Emilie. Quelle poésie… Monde de brutes. « On a beau dire ce qu’on veut… Le ciel, il est bleu ! » Merci Mickaël, de me redonner de l’espoir quant à la poésie. Ça sonnera dans quinze minutes.

Treize heures dix. Génie Mécanique. Le prof rend les interro du jeudi d’avant les vacances. J’ai une note de merde. Je m’y attendais. J’avais planté. Six virgule six sur vingt. Même avec ma note précédente, ma moyenne est en dessous de dix. C’est nul. Faudra que je me rattrape.

Le prof va nous refaire un contrôle de vingt minutes, comme le DS est moyen. Du “rattrapage”.

Même Mickaël a eut une meilleure note que moi.

Je suis nulle…

J’ai encore rien mangé à midi. Ça fait longtemps que je ne mange plus à la cantine. Quand on me demande, je dis que je n’ai pas faim. C’est vrai. Mais ce n’est pas l’unique raison. Il y a aussi que je veux maigrir (mais bon, c’est superficiel), et puis, j’ai peur des gens, de la foule, j’angoisse. Je suis plutôt solitaire, et puis, la cantine, ça a été pour moi un lieu où je ne me suis jamais sentie bien.

Je raconterai ça un autre jour.

J’ai pas envie de me prendre la tête, ma sale note me suffit largement.

Treize heures trente trois.

Quatorze heures huit. TP Génie Electrique. On fera interro à la fin de l’heure.

J’ai prêté le cahier dans lequel j’écrivais à Rémi, j’écris sur une feuille à part. Lui, il a deux heures d’études. Mais il finit à six heures.

On est en train de corriger une interro qui date du vingt-deux janvier. On est fin avril. C’est le décalage horaire…

Je resterai peut-être jusqu’à six heures (en tout cas, jusqu’à cinq, c’est sur) pour faire mon DM de français.

Faut que je me bouge un peu pour ce trimestre…

20.04.09